Paysages à Grande Vitesse

Quai n° 8, voiture 12. Valise, sac… parapluie. Ok, j'ai tout. Vite, je monte. Merde, mon billet ? Ah, il est là. Je m'assieds. Soupir. Je me pose… je me détends… mon regard se perd, front collé à la vitre je scrute sans les voir les campagnes, les champs, les villages et les rivières qui s’offrent à mes yeux.

La vitesse étire, déforme et lisse le monde de l’autre côté. Au loin, le ciel semble éternel, inaccessible et immuable. Devant moi dansent les couleurs, les formes et les ombres, les parfums de saison que je devine, les étendues d’eau qui se distendent…

Un monde nouveau naît, imprimé par la vitesse. Vitesse qui me fait passeur. Celui qui n’est pas d’ici, qui regarde sans voir et pourtant s’imprègne de ces instants…

Dehors, le monde défile, distordu, accéléré, étiré et lissé. Le train roule, vite, très vite.

A l’image du temps que nous traversons, le train se dissocie de l’extérieur, tout devient mou, lent. La vitesse fige le monde de dehors.

Tout devient lignes, traces du temps qui passe. Le temps est devenu mouvement.